La gestion des émotions [2/2]
Comment réagir aux larmes et aux paniques ?
Nous vous proposons un résumé de l’ouvrage d’Isabelle Filliozat en 2 parties. Un ouvrage qui trône sur notre table de chevet et depuis longtemps gribouillé, surligné, corné tant il est criant d’apprentissage. À vous de juger !
En 2021, nourrir le quotient intellectuel de nos enfants n’est plus suffisant. Nous devons nous soucier de leur quotient émotionnel. Il est urgent d’apprendre à identifier et mettre des mots sur nos émotions. Souvent démunis, nous cherchons à les calmer, à les faire taire mais il est urgent d'apprendre à les exprimer et à s'en servir positivement car l’émotion a un sens, elle est guérissante.
Mais alors, comment faire en tant que parent ? Comment aider nos enfants à développer ce quotient émotionnel ?
Il n’y a ni recette miracle ni définitions absolues. Isabelle Filliozat nous demande d’être tolérants envers nous-mêmes, nous parle de l’importance d’exprimer nos propres émotions et besoins. Selon elle, il est également primordial d’écouter notre enfant, d’être attentif à ses besoins, de lui donner la permission de libérer ses tensions et de faire de la place pour ses décharges émotionnelles.
PARTIE 2
Comment accompagner les émotions de nos enfants ?
Il est souvent difficile d’écouter les émotions. Celles de nos enfants nous insécurisent et peuvent mettre en échec notre rôle de “bon” parent. Or, dans leurs émotions réside leur identité propre.
Comment définir une émotion ? Isabelle Filliozat coupe le mot en 2 parties. E-MOTION. Le E signifie l’extérieur et MOTION le mouvement. Autrement dit, l’émotion est le mouvement de la vie en soi, nous dit-elle. Par exemple, la peur aide à se préparer ou à se protéger. La tristesse accompagne les deuils, la joie dynamise, la colère définit nos limites et notre intégrité, l’amour nous relie aux autres…. Pour l’auteure, “la fluidité émotionnelle est garante de la santé psychique”.
L’enfant est un être d’émotion qui cherche son identité et son individualité. Il a des préférences et s’exprime, il formule son ressenti en disant JE. Il est essentiel de montrer à un enfant que ses émotions sont justes, qu’il a le droit de ressentir ce qu’il ressent au risque qu’il ne ressente plus rien ou cache ses émotions. Car reconnaître ses émotions, c’est s’accepter comme on est et cela construit la confiance en soi.
Mais alors, devons-nous accéder à toutes leurs demandes pour satisfaire leurs besoins ? Comment l’enfant gère-t-il la frustration ?
Trop de frustration risque de traumatiser mais un peu de frustration aide à grandir (Françoise Dolto, psychanalyste des enfants). Il faut distinguer les besoins des désirs. Un enfant qui se roule par terre car il “veut” un bonbon est un enfant qui n’a pas “besoin” de bonbon, il en a “envie”. Il a besoin d’exprimer sa frustration et veut qu’elle soit respectée et entendue. Il vérifie en réalité que votre non ne signifie pas rupture. Il est dépassé par ce non mais cherche le contact, en exprimant sa colère, il veut réparer la relation. Isabelle Filliozat nous dit “Ne le privez pas de contact au moment où il en a le plus besoin”.
Cet ouvrage nous donne des clés pratiques et des exemples concrets pour chaque situation.
Voyons le cas de la frustration. Vous êtes au parc, un vendeur de ballon n’est pas très loin. Votre enfant n’en démord pas, il en veut un coûte que coûte. Plusieurs possibilités :
- La morale : ces ballons coûtent chers.
- Le mensonge : je n’ai plus d’argent.
- Le détournement d’attention : Allons faire du toboggan.
L’auteure propose d'accueillir son envie, la partager avec lui : J’adore le ballon perroquet, regarde il y a aussi Simba… Le désir exprimé (avoir un ballon) disparaît devant un besoin satisfait (partager, établir une connexion). Attention, satisfaire les envies de ses enfants n’est pas néfaste. Ils pourraient en déduire que le plaisir leur est interdit.
Nous vous proposons d’autres cas concrets et recommandations de l’auteure pour tenter de gérer la situation :
- Mon bébé pleure sans raison ou pleurniche pour un rien. Les larmes sont souvent associées à la souffrance. Mais les pleurs peuvent simplement être l’expression de tensions. Pleurer élimine les toxines, relâche les muscles, rétablit la respiration… On se sent détendu, libéré. Favorisez les pleurs de votre enfant pour qu’il se sente libéré ! Certains enfants cherchent un prétexte pour libérer les tensions accumulées, leur colère ou tristesse. Serrez votre enfant avec tendresse et attendez la libération de l’émotion.
- Mon enfant boude. C’est une façon de s’exprimer, une autre forme de langage. Il s’enferme car sa souffrance n’a pas été entendue. Évitez les remarques du genre “tu boudes”, “tu viendras quand tu auras fini…” car lui comprendra “ta souffrance m’importe peu”. Tentez plutôt de comprendre l’émotion qui se cache derrière et aidez-le à la formuler. “Je vois que tu t’es senti blessé quand...Tu as le droit de dire que tu n’es pas content ou quand c’est injuste…”. Si la bouderie dure un peu, montrez-lui de l’affection et proposez-lui une autre activité. L’auteure affirme “L’enfant doit trouver une issue positive, il ne doit pas sortir humilié de cette bouderie”.
- Mon enfant accuse autrui. Il ne veut tout simplement pas avoir le sentiment d’être mauvais en assumant la responsabilité d’une bêtise. Il a dû mal à tolérer son émotion (cet afflux de culpabilité) et va donc projeter cette responsabilité sur son frère, son ami, sur vous. Son image est fragile, il faut le rassurer et non pas le blâmer. Montrez-lui que vous l’aimez sans condition même s’il casse quelque chose ou renverse un bol. Et s’il accuse son ami imaginaire, confiez-lui la “gestion” son ami et de l’aider à être plus attentif.
L’enfant a besoin d’être accompagné par un adulte pour ne pas être débordé par ses émotions.
Le cerveau d’un enfant n’a pas terminé son développement. Il ne possède pas encore les outils mentaux nécessaires pour gérer ses émois. Il a besoin d’être accompagné par ses parents pour apprendre à se canaliser et à s’exprimer. Les émotions d’un enfant sont donc prioritaires à celles de l’adulte qui, lui, est capable de contrôler ses impulsions. Il vous tape, vous dit qu’il ne vous aime plus… Il cherche le contact, ne le rejetez-pas en l’envoyant dans sa chambre !
Rappelons-nous qu’en enfant (encore plus vrai chez les nourrissons) vivent dans l’instant présent. Les limites de leur corps, de leur psychique sont encore floues. L’intensité de leurs émotions est majorée. Ils ne savent pas encore que l’émotion est passagère. Lorsqu’ils ont mal, ils sont “mal”. Ils n’existent pas en dehors de cette douleur à cet instant précis. Le parent est donc le roc, le pilier de l’enfant, qui a besoin de sentir sa solidité.
Comment aider son enfant à avoir conscience de son émotion ?
Nourrisson, intervenez le plus rapidement possible. Plus grand, tentez de l’écouter avant de le consoler. Évitez le “pourquoi tu pleures?” qui peut sous-entendre qu’il n’y a pas de raison et qui souvent restera sans réponse tant il est impossible pour eux de formuler exactement ce qu’ils ressentent.
L’enfant n’a pas besoin de solution à son problème mais a besoin que son émotion soit entendue. Nous pouvons leur faire confiance, notre rôle est de leur fournir les ressources ou les aider à trouver ces ressources pour faire face à leurs affects. L’écoute empathique (ou bien la reformulation) permet de ne pas forcer la parole mais d'accueillir simplement le sentiment, sans juger.
Rappelons les étapes de l’accompagnement émotionnel d'Isabelle Filliozat
- Accueillir l’émotion non-verbalement (par le regard, l’attitude, la présence). Et selon l’âge, le prendre dans les bras.
- Mettre des mots sur le ressenti (tu es triste, en colère…).
- Permettre à l’émotion d’aller jusqu’à sa résolution.
- Enfin, une fois l’enfant calme, place à la verbalisation, à la parole.
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