Comment gérer la peur de nos kids ?

PARTIE 3

La peur, la colère, la joie et la tristesse. 

Dans les articles précédents, vous retrouverez un résumé de notre bible, l'œuvre d’Isabelle Fillizoat “Au cœur des émotions de l’enfant, comment réagir aux larmes et aux paniques”.

La partie 1 s’attarde sur les questions à se poser et la partie 2 sur comment accompagner nos enfants à gérer leurs affects.

Nous voulions aller plus loin en zoomant sur certaines émotions mentionnées par l’auteure. La première est la peur : devons-nous l’écouter, comment pouvons-nous aider nos enfants à la traverser ? 

La peur : savoir l’écouter. 

Forcer un enfant est inutile et contreproductif. Laissons le temps à l’enfant. Laissons-lui le choix car être dépendant de ses parents augmente la peur. L’enfant a besoin de trouver en lui les ressources nécessaires pour que la peur se transforme en désir. 

Il est totalement normal et naturel d’avoir peur. Un enfant qui n’a “peur de rien” a en fait tellement peur de sa propre peur… Il préfère ne rien ressentir et la nier. Mais cela revient à la refouler au plus profond de son inconscient. Et elle reviendra tôt ou tard. 

Pour Isabelle Filliozat, “les enfants dont on méprise systématiquement la peur ne deviennent pas des adultes ouverts et courageux”. Nous vous laissons vous aventurer dans le chapitre sur la peur pour découvrir pourquoi. 

La peur a une raison d’être. Une personne courageuse n’est pas quelqu’un qui n’a pas peur mais quelqu’un qui vit la peur, qui la reconnaît et en tire les enseignements. La peur est saine. Elle nous informe d’un danger, nous prépare à faire face… Même les peurs démesurées sont à respecter et écouter. 

Découvrons à présent certaines des peurs les plus fréquentes présentées par l’auteure. Nous avons sélectionné 3 peurs. Dans son livre, Isabelle Filliozat en explore une dizaine. 

  • La peur des bruits forts. Un bruit peut signifier un danger potentiel. Prendre la fuite semble le réflexe le plus logique, or, un nouveau-né ne peut prendre ses jambes à son cou. Les bruits de travaux dans un immeuble par exemple peuvent être très effrayants pour un bébé de 20 mois. Il doit apprendre à affronter la source de ce bruit en se dotant de ressources pour faire face à ce stress. Proposez à votre enfant de hurler au mur “Arrête ce bruit, ça me dérange” changera le vécu de votre enfant. Il exprime sa colère et diminue la crainte. Par la suite, évoquez le souvenir de ce bruit pour lui permettre de se reconstruire et de se rassurer. De cette manière, l’enfant apprend à gérer son émotion. 
  • La peur de dormir. Pour bien dormir, un enfant a besoin de se sentir en sécurité (afin de lâcher prise). Un enfant a besoin de savoir qu’il peut compter sur ses parents. Aller le voir dès qu’il appelle lui donne cette sécurité. Le contact aide également au sentiment de sécurité (être porté, touché, contenu). Le bébé sent le contour, les limites de son corps grâce au contact. Par ailleurs, le coucher est un moment privilégié. Il clos les questions en suspens, les histoires inachevées… C’est un moment de partage où l’enfant peut se confier et revenir sur les évènements de la journée. Il a besoin de vous à ses côtés quelques minutes, écoutez-le. Donnez-lui ce sentiment de sécurité. En refusant de satisfaire son besoin, il apprendra à s'endormir seul mais déploiera une grande énergie mentale pour affronter le noir. Une énergie qui ne pourra être mise à profit pour d’autres acquisitions… Les terreurs nocturnes peuvent traduire une émotion mal gérée dans la journée, d’où l’importance de “boucler” les histoires au moment du coucher. 
  • Est-il timide ? Ce qualificatif est donné par les adultes pour dissimuler un malaise face à leur enfant qui ne dit pas bonjour, comme le dicte la bonne conduite. Une étiquette qui montre à l’enfant qu’il n’est pas normal voire qui le rendra vraiment timide… Affranchissez-vous de cet automatisme et remarquez simplement qu’il a besoin de temps pour faire connaissance. L’enfant ira vers l’autre à son rythme et de son propre chef. 

Comment les aider à traverser leurs peurs ? 

Un exemple très parlant en p.155 du livre. Il est assez long mais tellement explicite ! Il reprend les différentes étapes de l’accompagnement émotionnel autour de situations bien connues - affronter la peur de la piscine ou du chien. Il s’agit d’une conversation entre une maman et sa fille ponctuée d’interprétations et de conseils de l’auteure. 

Reprenons rapidement. 

  1. Respecter son émotion, même si elle vous semble irrationnelle. L’enfant a peur, elle n’a rien tort ni raison. 
  2. Écouter. Soyez attentif et aidez-la à formuler sa vérité. N’employez pas le “pourquoi” mais “comment, de quoi, qu’est ce que”... 
  3. Accepter et comprendre. Reconnaissez l’émotion, manifestez-lui votre approbation mais ne cherchez pas à le guérir de sa peur, cela viendra de son propre chef. “Je comprends que tu aies peur, il fait du bruit ce chien…”. 
  4. Moi aussi / dédramatiser. Une fois le vécu exprimé, parlez de vous, de vos émotions sur un sujet similaire vécu enfant… Dites la vérité et choisissez de préférence une peur qu’il n’a pas pour le valoriser. 
  5. Chercher ses ressources intérieures et extérieures. Rappelez-lui une expérience où il a vaincu une peur ou aidez-le à s'en souvenir. 
  6. L’aider à libérer son énergie. Quand on a peur, nous sommes contractés. Aidez votre enfant à évacuer la crainte en proposant de chanter, crier, rire. Il se sentira fort et prêt à affronter la peur. Autre solution, proposez-lui de penser à quelqu’un qui n’aurait pas peur (un super héros, son papa…) et demandez-lui d’imaginer qu’il est ce personnage. 
  7. Satisfaire le besoin d’information. Maintenant que votre enfant a les ressources nécessaires, il peut recevoir des informations. La piscine est-elle vraiment dangereuse ? Ce chien est-il vraiment méchant ? L’information ne doit pas être donnée trop tôt car elle ne serait pas entendue (d’où les explications souvent vaines…). Il est préférable que l’enfant trouve l’explication par lui-même. Vous pouvez l’aider à y réfléchir en l’emmenant à la bibliothèque pour trouver de l’information. Il se sentira autonome dans sa recherche d’infos et donc plus forts face à ses craintes. 
  8. Faire élaborer des réponses face à la peur. Enfin, vous pouvez l’aider à formuler différentes options “oui, tu peux demander au maître si tu peux le caresser / que peux-tu faire d’autres ? / qu’est-ce qui pourrait te donner envie de le caresser?”. Ne lui mettez pas la pression, il ne doit pas se sentir contraint par votre désir de parent. Seul son libre choix lui permettra de dépasser sa crainte. 

Lire la suite : La colère (🔜 bientôt en ligne).