Maria Montessori [2/2]

Chronologie. 

👧 Son enfance 

Elle est l’enfant unique de parents catholiques et bourgeois. Son père est comptable, sa mère est femme au foyer. Maria est brillante, elle se passionne pour les sciences et obtient à 16 ans son diplôme sur la voie d’ingénieure. Ce choix est pour l’époque peu admissible, son père est furieux mais sa mère la soutient. Dix ans plus tard, elle devient l’une des premières femmes médecins en Italie. 

👀 La clinique psychiatrique : ses premières observations 

Ses premières observations en clinique psychiatrique à Rome. Maria crée - sans le savoir - le premier service de pédopsychiatrie. Choquée par le mélange des adultes et des enfants dans cet établissement, elle demande leur séparation. Commence alors son observation auprès d’enfants malades mentaux. Elle dira “Les enfants malades mentaux ne sont pas des hors la loi, il faut leur rendre leur dignité d’être humain. Ils ont droit à tous les bienfaits de l’instruction”. Elle met la société en face de ses responsabilités.

🏫 L’école orthophrénique : son intérêt pour les enfants non porteurs de troubles 

En 1898, le ministre de l'Éducation nationale lui confie la direction de l’école orthophrénique. Une école élémentaire qui accueille des enfants souffrant de déficiences sensorielles, mentales… Maria est alors médecin, elle ne connaît que peu de choses à l’enseignement. Elle s’intéresse alors aux travaux de 2 français Itard et Seguin, son élève. 

Elle traduit leurs œuvres et s’inspire de leurs pensées pour ses travaux. Itard introduit le matériel sensoriel, c’est le point de départ pour Maria Montessori. Elle fait construire ses besoins en matériel par un fabricant italien. Les enfants passent leur diplôme de fin d’étude primaire et réussissent mieux que les enfants “normaux”. Mais Maria s’étonne : “Tandis que tout le monde admirait mes idiots, je me demandais bien ce qu’on pouvait faire avec les enfants normaux à l'école normale”. Elle comprend qu’on peut développer le potentiel humain. C’est un tournant capital dans sa vie. C’est à ce moment que son intérêt pour les enfants “normaux” apparaît. 

L’école orthophrénique dure 2 ans. Co-directrice de l’établissement avec un certain Montesano, elle tombe enceinte hors des liens du mariage. Elle quitte l’école d’orthophrénie et accouche seule à la campagne. Elle revient pour s’occuper des enfants des autres, poussée par sa maman qui l’incite à développer sa carrière. Montesano reconnaît l’enfant mais ne le voit pas. Militante pour la libération de la femme, elle n’a pas la main sur l’éducation de Mario. Elle ne le récupérera qu’à ses 12 ans. 

👩‍⚕️ L’école San Lorenzo (la “casa dei bambini”) : un tournant dans sa carrière 

Maria reprend des études. Licenciée en biologie, elle dirige une chaire d’anthropologie et crée en 1907 la première “maison des enfants” dans le quartier défavorisé de San Lorenzo à Rome. Elle a “carte blanche” pour redonner vie à ses enfants. Elle équipe un local avec du mobilier à hauteur et à la dimension des enfants, avec en tête, toujours la même question : comment développer le potentiel humain ? Elle se sert du matériel d’Itard et Seguin. Médecin, les enfants doivent entrer dans un lieu de culture propre. Elle met à leur disposition des cuvettes à l’entrée du local pour se laver les mains… Elle observe ces enfants et fait 2 découvertes majeures : la concentration chez l’enfant et la polarisation de l’attention. 

La conséquence de la concentration est l’éveil du sens social (autrement dit, la socialisation qui en découle). Elle découvre également la polarisation de l’attention.  L'enfant de 3 à 6 ans a une façon de travailler différente de l’adulte. Il n’a pas la finalité de l’activité. Il va se laver les mains 2, 3, 4, 5 fois. Il répète l’activité. De cette observation va naître la notion de périodes sensibles, qui sont utiles et nécessaires au développement de l’enfant. Ces périodes sont des fenêtres d’opportunité pour apprendre. L’ordre, par exemple, correspond au besoin de sens logique. L’enfant a besoin de savoir qu’il peut compter sur son environnement, sur ce qui l’entoure pour construire un sens de la sécurité et avoir confiance dans l’environnement immédiat. L’ordre lui permet d’explorer en sécurité. 

L’école San Lorenzo propulse les travaux de recherche de Maria Montessori. Elle se fait connaître, elle écrit son premier livre, elle supervise l’ouverture d’autres écoles partout en Italie et ailleurs dans le monde. Elle donne son premier cours international en 1913 et voyage énormément pour parler de ses recherches. 

“Je renonce à l'exercice de la médecine (en 1910) pour pouvoir me consacrer pleinement à ma mission : protéger les enfants". 

❌ L’arrivée de Mussolini au pouvoir : la fermeture de ses écoles 

Mussolini accède au pouvoir en 1922. Maria pense pouvoir établir son réseau d'écoles en Italie mais Mussolini ne cherche qu’à tirer profit de la notoriété de ses travaux, à la gloire du fascisme. Maria Montessori, apolitique, refuse sa proposition de devenir ambassadrice des enfants en Italie. Elle parle en son nom et rien d’autre. Humilié, il décide de fermer l’ensemble des écoles ou établissements qui lui sont liés. Elle quitte l’Italie avec son fils pour l’Espagne. 

 Maria Montessori en mouvement

Maria fuit l’Espagne à l’arrivée de Franco au pouvoir, aidée par des amis. Elle arrive en Angleterre puis c’est aux Pays-Bas qu’elle trouve refuge et famille d’accueil. En 1939, elle décide de partir en Indes pour quelques mois mais y reste finalement 7 ans. En tant que citoyenne italienne et en pleine guerre mondiale, elle est assignée à résidence et ne peut quitter le territoire. Elle est prisonnière mais vit une vie paisible pleine d’apprentissage et de découvertes. Elle est considérée comme mentor, donne des formations depuis chez elle et développe ses observations chez les plus jeunes. Elle rentre enfin en Hollande, continue ses voyages puis écrit son dernier livre L'esprit absorbant de l'enfant

💒 Une fin de vie humble 

Maria Montessori meurt à l’âge de 82 ans aux Pays-Bas. Elle est ovationnée par l’UNESCO, est décorée de la légion d’honneur et a été nominée 3 fois au prix Nobel de la Paix. Maria Montessori est une chercheuse scientifique rigoureuse qui se sent parfois incomprise “Je leur montre la Lune, ils ne voient que mon doigt…”.